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Echange d’expériences

Cela fait maintenant plusieurs mois que nous sommes toutes les deux en immersion totale dans nos pays adoptifs et jusqu’à présent nous avons pu découvrir une autre culture ; chaque jour nous faisons face à de nouvelles situations, parfois surprenantes, parfois bizarres, parfois difficiles mais qui toujours nous poussent à la réflexion sur l’échange culturel que nous vivons au quotidien. Dans cet article, nous avons voulu vous relater les éléments ou les situations qui nous ont le plus surprises.

 

Les différences dans la manière de travailler 

Léa 

« Ce qui m’a le plus frappé, ici, c’est la dispersion de tout le monde. Il n’est pas possible d’avoir une réunion avec quelqu’un sans être constamment interrompu, ni même d’avoir une conversation normale d’ailleurs. En résulte cette impression que tout le monde fait tout à la fois ; une pratique qui diffère bien de chez nous où il est malvenu d’être constamment sur son téléphone pendant une réunion. Par ailleurs, à Zapatoca, le salaire médian est égal au salaire minimum, soit à peu près 200€ par mois ; à savoir que, si on prend en compte le coût de la vie ici, il est difficile de faire vivre une famille avec ce salaire. Le code du travail colombien n’étant pas très généreux, les Colombiens travaillent en moyenne 48h par semaine et n’ont que 15 jours de vacances par an suivant les contrats. La notion de congés ici est vraiment relative et pour le moins différente ; le personnel de la Mairie a du mal à me croire quand je leur dis que ce n’est pas possible de faire une réunion car je suis en repos. De même que les horaires ; cela arrive que des réunions soient prévues à 7h du matin et quand je leur explique que pour nous, en France, cela parait impensable, tout le monde rit. »

 Daniela

« A Crolles, les choses sont différentes, j’ai trouvé qu’ici tout était bien organisé ; si j’ai une réunion à 16h on doit arriver à temps pour s’organiser et commencer. Je pense que cette organisation à la mairie est le reflet de tout le travail réalisé dans chaque bureau. Ici, tous les travailleurs de la mairie savent qui je suis et ce que je fais. Tous les jours à la mairie sont agréables parce que j’ai des visites pendant la journée dans mon bureau pour parler de la Colombie, de mon séjour en France et ma vie…

D’autre part, je trouve difficile de savoir à quel moment je dois utiliser « vous » ou « tu », c’est vraiment compliqué, mais petit à petit j’apprends les situations et les personnes que je peux tutoyer ou vouvoyer.

 

Ce qui nous a surpris dans les relations sociales 

Daniela

« Dans ma famille, on n’a pas de relations d’amitié très longue, par exemple ma mère a deux amis depuis 5 ans et moi, j’ai une amie depuis 8 ans… Ici, dans ma famille d’accueil, ils ont plein d’amis depuis 20 ou 30 ans !! Et leurs enfants sont amis des enfants de leurs amis ! C’est incroyable pour moi, dans ma famille on n’a pas d’amis de longue date.

D’autre part, en Colombie on n’a pas la culture du sport et de la lecture, il faut dire que ce n’est pas le cas de toutes les familles colombiennes. Mais, pour moi, trouver une famille française qui a la culture du sport et de la lecture, c’est cool ! Chez eux il y a plein de livres dans toute la maison, j’adore chercher des livres dans leur « petite bibliothèque ». Chez moi aussi, il y a une petite bibliothèque, j’ai commencé à collecter des livres depuis 10 ans pour l’organiser mais c’est incroyable la quantité de livres que je peux trouver chez ma famille d’accueil ! »

Léa

« Pour moi, le plus dur, dans mon adaptation, c’est d’accepter d’avoir une vie sociale beaucoup moins remplie qu’en France, voire quasi inexistante certaines semaines. Habituée à une vie animée, l’arrivée dans une toute petite ville sans trop de divertissement passé 18h (heure constante de tombée de la nuit) a été un peu difficile. Les Zapatocas n’ont pas de vie nocturne ; ici, il n’y presque rien d’ouvert passé 20h30, pas de cinéma, pas de bars sympas, pas de clubs de sports où je pouvais jouer… J’ai dû accepter qu’en semaine je n’allais rien faire en rentrant le soir, pour moi, c’est une première ! De fait, je connais très bien le catalogue Netflix colombien. Il semble que les Colombiens, du moins ici à Zapatoca, ont moins cette culture que nous pouvons avoir en France, où nous avons l’habitude de sortir avec des amis et d’avoir une vie sociale dense. Ici, les gens passent beaucoup de temps avec leur famille, le soir ils se couchent tôt, et ont finalement moins de loisirs. »

 

Sur le rapport avec notre pays d’origine

Léa 

« La francesita  (la petite française), voilà comment on m’appelle à Zapatoca ; j’en ai perdu mon nom  et on m’assimile seulement à ma nationalité. Finalement, c’est assez normal d’être catégorisée ainsi, surtout qu’à Zapatoca nous ne sommes que deux étrangers. Mais le fait est que, malgré moi, je deviens ambassadrice de la France : tout le monde me pose des questions, traite de sujet de conversation avec la France etc. Pas possible alors de se fondre dans la masse et de passer inaperçue. Du coup, d’une part cela me pousse à réfléchir sur mon sentiment d’appartenance national, et d’autre part cela me donne une bonne vision de l’image de la France à l’international. Je me rends compte que s’il y a des préjugés un peu drôles, sur notre hygiène ou notre alimentation, il y en a de plus profonds, sur par exemple le degré d’ouverture de notre société. »

Daniela 

« Je me sens étrangère en France, la culture est absolument différente et il y a quelques éléments que je n’arrive pas à comprendre. L’apprentissage de la langue est compliqué, cela fait 4 mois que je suis ici et je n’arrive pas à saisir les blagues… Quand par exemple je parle avec les jeunes et qu’ils commencent à me faire des blagues, je ne comprends pas toujours !! Aussi, j’ai trouvé des personnes qui parlent espagnol, donc, quand ils savent que je suis Colombienne et que ma langue maternelle est l’espagnol, ils commencent à vouloir le pratiquer avec moi ! D’autre part, à la différence de Léa, je suis « Daniela, la service civique colombienne » ici. Je suis très fière d’être colombienne ! »

 

Les différences à propos du sentiment national 

Daniela 

« Je trouve que le sentiment national en France n’est pas quelque chose d’aussi important qu’en Colombie. Nous les colombiens sommes très patriotes, nous pouvons écouter l’hymne national tous les jours, mais ici, les choses sont différentes. Je ne comprends pas comment ça marche. Je sais qu’il y a une histoire très importante que je dois comprendre, mais c’est parfois compliqué car l’identité nationale française trouve ses racines dans l’histoire, dans la Révolution française par exemple ; des faits qui me paraissent éloignés, comme le problème de la drogue en Colombie peut l’être en France. »

Léa

« En Colombie, l’hymne national résonne tous les jours à la radio, à 6h du matin et à 18h. Essayez d’imaginer la même chose avec la Marseillaise et vous aurez une idée de ma tête la première fois que j’en entendu ça !  Les Colombiens sont donc extrêmement fiers de leurs pays, leur sentiment d’appartenance est très fort ; ils chantent leur hymne à n’importe quelle occasion. Même Zapatoca a un hymne municipal ! Vous pourrez demander à Daniela, je suis sûre qu’elle sera ravie de vous le chanter ! »

En somme, toutes ces différences nous ont converties en ambassadrices de nos pays respectifs, adoptifs, et en soi de la citoyenneté mondiale. Cette expérience nous permet, au-delà de l’impact sur notre personnalité et manière de vivre, de prendre la mesure de l’importance des échanges culturels entre les pays.  Notre présence dans l’ « autre » communauté matérialise, d’une part, le projet de coopération décentralisée, et d’autre part cette volonté d’unir les territoires de Crolles et de Zapatoca.

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